Extrait du début d’une histoire dans les Contes de Jean-Pierre de Louis Mercier, écrite dans les années 1920. Il s’agit du patois roannais, exactement du patois de Coutouvre, une commune située à 10 km de Roanne, côté est.
Le but est de montrer la ressemblance avec le patois du Brionnais-Charolais. Souvent, la différence n’est qu’un simple écart de prononciation. Le patois se moque des frontières administratives !
Texte, orthographe et traduction de l’auteur Louis Mercier. Les Contes de Jean-Pierre ont été réédités chez De Borrée Clermont-Ferrand en 1998.
Un mariadze manquo
Piarre la Goyette éteut intran de s’habéye péallo fréquento, quind la mère la Goyette li désit : _ Qui que te pourrai bien importoà ta miye, pé li faire cadeu ? _ Ma fi, dz’in sais ran. _ Si te li portés dou quat’ peurnes ? _ De peurnes ?Mais i n’ant mé que neus, de peurnes. _ Qui qu’y-z-y fait ? que désit la mère la Goyette. Y sera tordzeu pos de les manmes. Dze vai t’in quéri quotiennes. La mère la Goyette se n’allit é pros de la plasse, devint la mason, grollo un peurni, et le revenit, un momint après, avoui so devanti plan de peurnes. De grosses peurnes Reine-Claude qu’avant de farranne sur la piau. Le les playit, bié queume y faut, dins un mouotsou prope, et le désit é Piarre ; _ Te varros qu’y li fera plasi ! E l’adzoutit, in fasint de ptés yeux : _ Te comprinds ? quind ne vous se marieu, faut faire son couande, et y faut se faire bié vère de la faméye...Quind n’ton poure père veneut me vère, ma, é m’apportent tordzeu quoque tsouse.
Piarre la Goyette fréquenteut la Marie Teuro, eune dzeuye féye de les Partses, qu’aveut de tarres, de pros, de bous, de vatses, de cotsons, de tsièvres, de pouolayes, et que n’aveut ni frères, ni seus. Quind sos parints serant mos, le sereut ban ritse à trente mille frincs. Aussé Piarre y teneut, à c’te Marie Teuro. Dipeu Poquieu, teutes les dieumanes, é l’alleut la vère ? La Marie ne déseut pos non, mais los Goyette ne teneut que dués vatses, et ma fi, i ne pères Teuro treuvant à redère que Piarre la prissant pos dère voua. Le mariadze éteut, queume i diont vé neus, sus le ballint............
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Un mariage manqué
Pierre la Goyette était en train de s’habiller pour aller fréquenter, quand la mère la Goyette lui dit : _ Qu’ est-ce que tu pourrais bien emporterà ta mie, pour lui faire un cadeau ? _ Ma foi, je n’en sais rien. _ Si tu lui portais quelques prunes ? _ Des prunes ? Mais ils en ont plus que nous, des prunes. _ Qu’est-ce que ça fait ? répondit la mère la Goyette. Ce sera toujours pas les mêmes. Je vais t’en chercher quelques-unes. La mère la Goyette s’en alla au pré de la Place, devant la maison, secouer un prunier, et elle revint, un moment après, avec son tablier plein de prunes. De grosses prunes reine-claude qui avaient de la farine sur la peau. Elle les enveloppa bien comme il faut dans un mouchoir propre, et elle dit à Pierre : _ Tu verras que ça lui fera plaisir ! Elle ajouta, en faisant de petits yeux : _ Tu comprends ? Quand on veut se marier, il faut faire son câlin, et il faut se faire bien voir de la famille.... Quand notre pauvre père venait me voir, moi, il m’apportait toujours queque chose.
Pierre la Goyette fréquentait la Marie Toral, une jolie fille des Perches, qui avait des terres, des prés, des boeufs, des vaches, des chèvres, des poules, et qui n’avait ni frères, ni soeurs ; Quand ses parents seronts morts, elle sera riche à trente mille francs.
Aussi Pierre y tenait à cette Marie Toral. Depuis Pâques, tous les dimanches, il allait la voir. La Marie ne disait pas non, mais les pères Toral trouvaient à redire que Pierre la Goyette ne tenait que deux vaches, et, ma foi, ils ne se pressaient pas de dire oui. Le mariage était, comme on dit chez nous, « sur le ballant »............ (La suite : dacause des peurnes, le Piârre, ôl ara pas sa Maria.....) |